Continued…
I spent
several weeks with the French-Italian geological expedition, which was headed
by professors Haroun Tazieff and Giorgio Martinelli. Tazieff was a pioneer of
volcano exploration.
One day, during a helicopter flight whose
cabin’s temperature registered 135 degrees (57 degrees Celsius), Tazieff
spotted a rhyolite bluff which was an anomaly in the basalt sea under us, and
decided to get some samples of it. He calculated that, after a short jeep ride,
getting to the rhyolite would take a seven-hour round-trip walk.
The walk took us much longer and left our
hands and legs bleeding abundantly. Scoriae the size of small footballs rolled under our feet, throwing us
down on hands and knees to be cut open by lava needles and knives. Or they crashed
under our weight, lacerating our ankles.
We spent the 12-hour night on that fakir
nail board, finding it impossible to lie down. The geologists never stopped
drinking, and when we returned to our vehicle the next day at noon had little
or no water left. I still had half of it in my gallon-canteen. With a Sahara
salt caravan experience behind me, I had resisted thirst. But it was stupid,
for now I was severely dehydrated, and I would learn it too late.
We found the jeep’s engine belt broken. I
volunteered to walk back to camp, a couple of hours away on Karum salt lake.
Tazieff accepted, but would not let me go at midday. I argued that while
traveling with a Sahara salt caravan, walking at midday had been my daily lot.
In the end he let me go, and I set out with my canteen.
Though the walk was much easier here than on the lava field, the deep
soft sand made it very tiring. After an hour my legs buckled under me without
warning. The ground was so incredibly hot that I got up just as quickly. Now I
felt inexplicably exhausted. But seeing the lake in the distance gave me some
strength. Once at the lake, which had some water on my side of it, I would wet
my shirt in it and wrap it around myself. The rest of the way would then be
easier.
I resumed the march, though more slowly
and looking at my feet. Ten minutes later, when I looked up again, the lake had
disappeared. I had seen a mirage.
This time I dropped headlong in the
impossibly hot sand. And this time I could not find the strength to get up
again. Instead, I rolled over back and forth. Had I drunk some water, I would
have recovered my strength immediately. But I did not know it. And I didn’t
drink. I didn’t even feel thirsty. And so I preferred to keep my water for a
possible worse situation. I could feel my life slipping away, but did not
understand why, and except for the hot ground I wasn’t suffering.
I heard en engine noise and saw our jeep
roll nearby. But the geologists did not hear my calls, and they did not see the
leg I raised. ( I would learn later that
a piece of rope had replaced the belt but not gone far before breaking too).
And then I lost consciousness.
Towards five o’clock a noise brought me
back to life. The heat had dropped and a salt caravan was heading back to the mountains.
I sat up,
swallowed all my water, and suddenly felt as if I had been injected by
something miraculous. For now I got up and walked towards the caravan as easily
as I would have done under any other circumstance. Just then, a
black point on the horizon was growing quickly. It was one of the expedition’s
trucks.
That night I drank like a sponge. And the
more I drank, the stronger I felt again. However, I wasn’t at the end of my
adventures in this beautiful hellhole. My youthful recklessness would see to it
that I put myself in even more dangerous troubles before the end of my journey.
But that will have to wait a new post.
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J’ai
passé plusieurs semaines avec les géologues français et Italiens, dont
l’expédition était dirigée par les professeurs Haroun Tazieff et Giorgio
Martinelli. Tazieff était un pionnier de
l’exploration de volcans. J’avais lu quelques-uns de ses livres et étais
heureux de le connaitre personnellement.
Un jour, durant un vol en hélicoptère par
une chaleur de 57 degrés, Tazieff aperçut un mur de rhyolite qui était une
anomalie dans la mer de basalte que nous survolions. Il calcula qu’y arriver,
pour en retirer des échantillons, nous prendrait une marche aller-et-retour de
sept heures sur un champ de lave après un trajet en jeep que nous laisserions
en terrain sablonneux.
Cette marche nous prit beaucoup plus
longtemps et nous laissa jambes et mains ensanglantées. Le sol roulait sous nos
pieds, nous précipitant mains et genoux en avant sur d’innombrables aiguilles
et couteaux de lave ou s’effritait sous nos pieds, avalant ceux-ci dans ses
trous dont les bords nous arrachaient la peau des jambes.
Il fallut y dormir et nous passâmes 12
heures de nuit sur cette planche de fakir sans pouvoir nous allonger pour
dormir. Les géologues ne faisaient que boire et quand, á la fin de notre
expédition, à midi le jour suivant, nous sommes revenus à la jeep, j’étais le
seul à avoir encore de l’eau dans ma gourde—deux litres d’eau. Fort de mon
expérience saharienne, j’avais résisté la soif, mais c’était stupide de ma part
car maintenant, et quoique je ne m’en doutais pas, j’étais sévèrement déshydraté.
La jeep ne démarra pas. Elle avait brisé la
courroie du moteur. Je m’offris à aller chercher de l’aide au camp, sur le lac
de sel, mais Tazieff me demanda si j’avais perdu la raison. Il était une heure
de l’après-midi et la chaleur était infernale. J’insisté que j’avais voyagé à
ces heures-là tous les jours avec la caravane de sel saharienne et croyais que
si quelqu’un était capable de marcher deux heures sous le soleil Danakil,
c’était moi. Finalement Tazieff se laissa convaincre et me laissa partir.
La marche maintenant était dans un sable profond
qui la rendait très fatigante. Une heure plus tard, sans savoir comment, je
tombai sur les genoux et me relevai immédiatement, incapable de rester en
contact avec le sol brûlant. La vue du lac de sel au loin me redonna quelques
forces. Vingt centimètres d’eau le recouvraient dans ma direction. J’y
mouillerais ma chemise et m’enroulerais dedans. Je repartis plus lentement,
regardant mes pieds.
Dix minutes plus tard, quand je relevai la
tête, le lac avait disparu. J’avais vu un mirage. Je retombai, cette fois de tout
mon long, et ne trouvai plus la force de me relever. La chaleur du sable était
insoutenable, me forçant à rouler constamment sur moi-même. Je décidai encore
d’attendre avant de boire. Mais je n’avais même pas soif. Je sentais la vie me
quitter, mais ne savais pourquoi ni ne souffrais.
J’entendis un bruit de moteur et vis
passer notre jeep à courte distance. Mais
les géologues n’entendirent pas mes appels ni ne virent la jambe que je levai
du sol. Et puis je perdis connaissance. (J’apprendrais plus tard qu’un bout de
corde avait remplacé la courroie mais qu’elle se romprait très vite elle-même).
Vers cinq heures un bruit me réveilla.
C’était une de ces caravanes de sel que j’avais suivies deux ou trois semaines
plus tôt et qui retournait vers la montagne. Je m’assis, bus cette fois le
contenu de ma gourde et me sentis immédiatement ragaillardi, comme si on
m’avait injecté un puissant fortifiant. Je me levai et me mis à marcher
facilement vers la caravane. A ce moment, un point noir à l’horizon grandit
rapidement. C’était un camion de l’expédition.
Ce soir-là je bus comme une éponge. Et
plus je bus, plus les forces me revinrent. Cependant, je n’étais pas à la fin
de mes aventures dans ce bel enfer. Ma jeune insouciance s’occuperait à me trouver
des dangers bien pires encore. Mais ceci sera le sujet d’un nouvel article.
This was who I was, at 34, facing challenge after challenge
Tel que j’étais, á 34 ans, face aux défis de la Dépression Danakil