Does
living naked make you a savage? Certainly not in the case of the Amazon’s
Yanomami Indians. But have a look at the images that follow, and decide whether
you see any naked savagery.
There
are savages in the Amazon, but they wear clothes.
Living
in yanos, or shabanos, communal houses sheltering up to 100 people, each family
around its own fire, the Yanomami have an equalitarian and perfectly organized
society. They look after their clans’ most vulnerable members and share with
everyone the game they hunt, keeping for themselves only the least attractive
parts. They raise their kids with as much love, but with more wonderful results
than many of us achieve. Their children are the happiest I have seen anywhere in
a life of foreign travel. And their teenagers would not even think of raising problems.
What
to my eyes prove the Yanomami’s great intelligence and right to sit at the
table of civilized people is their amazing sense of humor. While I shared their
lives for a month, they made me laugh every day.
Thanks
to Bruce Albert, a French anthropologist who speaks the Yanomami language, I always
knew what the Indians were saying or what they were planning. So I never missed a funny remark or a great photo
opportunity. Bruce has dedicated his adult life to study and help protect the
Yanomami against predatory and criminal outsiders.
There
was a third man with Bruce and I among the Yanomami. Robin Hanbury-Tenison,
British explorer and author of many books, he also was, and is, the founder of
Survival International, a charity dedicated, with impressive results, to the defense of tribal people’s
rights. In 1982 Time-Life Books had assigned the three of us, each one in his
own specialty, to produce one of the books of their People of the Wild series. It would be titled Aborigines of the Rain Forest: the Yanomami. The book sold out
within a few months.
Bruce
told me that our Yanomami friends had given us totems, all based on their keen observations
of us. Mine was Tapir. For three reasons.
1 - Because
the tapir is the forest’s biggest animal. I was big next to them.
2 - Because
the tapir never sleeps.” (I hit my hammock later than them, photographing them resting around their family fires. To do so I also got up before
dawn. Sometimes I woke up in the middle of the night to switch on my
flashlight and jot down some notes).
3 - Because
the tapir can turn into thunder. This was about my good-heartedly loud laugh, which the many
residents around the yano apparently enjoyed and never failed to acknowledge by
always echoing it, though on a much higher pitch).
But
back to clothes-wearing savages. Contrary to the Yanomami, who live very happy
lives with no interest in money and what it can buy, those other men are criminally
greedy. So much so that, if allowed, they would happily kill every one of the
20,000 Yanomami living on both sides of the Brazil-Venezuela border to take
possession of their land. And they have already killed many. And they have also
burned down vast stretches of the Amazon
forest.
Those
savages are gold miners and owners of businesses dealing in large-scale logging,
cattle rearing, and agriculture—all of them illegally.
View the photographs below, following the French translation
Est-on sauvage pour vivre nu ? Certainement pas dans le cas des
Yanomamis de l’Amazonie. Mais jetez un coup d’œil sur les photos qui suivent et
décidez-vous-mêmes si vous y voyez de la sauvagerie.
L’Amazonie a ses sauvages, mais ils cachent leurs bas instincts sous des vêtements.
Les Yanomamis vivent dans des maisons communales connues comme yanos
ou shabonos. Elles abritent jusqu’à
100 personnes, chaque famille autour de son propre feu. La société de ces Indiens est égalitaire et parfaitement
organisée. Elle assure le bien-être de ses membres les plus vulnérables et ses
chasseurs partagent leur gibier, ne gardant pour eux-mêmes que ses parties les
moins attractives. Ils élèvent leurs enfants avec autant d’amour mais avec de
bien meilleurs résultats que beaucoup d’entre nous. Leurs enfants sont les plus
heureux de tous ceux que j’ai photographiés durant une vie de voyages
internationaux. Quant à leurs adolescents, il ne leur viendrait pas à l’esprit
de causer des problèmes.
Ce qui a mes yeux ajoute au droit des Yanomamis de s’asseoir à la table des
sociétés civilises est leur profonde intelligence et leur étonnant sens de l’humour.
Vivant entre eux durant un mois, ils m’ont fait rire constamment.
Grâce à Bruce Albert, un anthropologue français qui parle couramment le
Yanomami, Je sus toujours ce qui se disait autour de nous et ce qui se
préparait. Je ne perdais jamais un bon mot et étais toujours prêt à suivre un
groupe ou l’autre pour les photographier à la chasse, à la cueillette, aux
champs, a la recherche de poison végétal pour leurs flèches, ou de la drogue
qui donne aux chamanes la possibilité de communiquer avec les esprits.
Bruce a consacré sa vie adulte à étudier et aider à protéger les Yanomamis
contre les dangers constants que représente le monde moderne qui menace leur
agreste culture. Les Yanomamis le vénèrent.
Le britannique Robin Hanbury-Tenison complétait notre équipe. Explorateur
et auteur de nombreux livres, il était, et est, le fondateur de Survival
International, qui depuis plusieurs décades lutte avec énorme succès pour la
défense des peuples tribaux.
En 1982 Time-Life Books nous avait confié la mission de ramener le matériel
d’un livre pour leur série intitulée People
of the Wild (Peuples des terres sauvages). Son titre fut Aborigines of the Rain Forest : the
Yanomami (Aborigènes de la forêt: les Yanomamis).
Bruce m’apprit que nos amis Yanomamis nous avaient donnés un totem. Le mien
était tapir. Pourquoi Tapir ? Pour trois raisons, m’expliqua-t-il.
« Car le tapir est l’animal le plus grand et robuste de la forêt ».
( Je l’étais comparé à eux).
« Car le tapir ne dort jamais ». (Je me couchais tard pour les
photographier, couchés dans leurs hamacs autour des feux. Ou je me réveillais la nuit pour allumer ma lampe et
ajouter quelques notes à mon journal.
« Et car le tapir peut se transformer en tonnerre » (le tonnerre
était mon rire sonore, qui déclenchait le rire de tous les résidents, quoique
sur un ton considérablement plus aigu).
Pour en revenir aux vrais sauvages, et contrairement aux Yanomamis, qui ne
demandent que de vivre leur vie bucolique en paix et sans soucis d’argent et
des articles qu’il permet d’obtenir, ces autres hommes sont d’une rapacité que
rien n’arrête. A tel point que s’ils en avaient la permission ils tueraient
volontiers chacun des quelque 20,000 Yanomamis qui vivent de part et d’autre de
la frontière séparant le Brésil du Venezuela pour s’emparer de leurs terres.
Ils en ont déjà tués beaucoup. Ils raseraient aussi la forêt, qui a déjà
souffert lourdement entre leurs mains. Ces sauvages sont les chercheurs d’or et
les propriétaires de compagnies forestières, agriculturales et d’élevage de bétail
à grande échelle—tous illégaux.
Yanomami father decorating his baby son with bird
down.
Père
Yanomami décorant la tête de son petit garçon avec du duvet d’oiseau.
Grandfather
Grand’père
Father of one and grandfather of two
Père d’un
enfant et grand’père des deux autres
Father and son. Boy is eating manioc flat bread.
Père et fils. Le fils mange du pain de manioc
Mother and baby in hammock.
Mère et bébé dans un hamac
Mother and baby in the forest.
Mère et bébé dans la forêt
Doesn’t this remind you of your own childhood?
Cette image
ne vous rappelle-t-elle pas votre propre enfance ?
Mother showing baby daughter the fish she caught.
Mère
montrant à sa petite fille le poisson qu’elle a pêché.
Mother bringing home a bunch of plantain, a banana that can be eaten only cooked, from her forest
garden.
Mère ramenant
à son feu des bananes à cuire de son jardin de la forêt.
Mother bringing home manioc from her garden and water
from the river.
Mère ramenant du manioc de son jardin et de l’eau de la rivière.
Father bathing
with his son
Père se
baignant avec son fils
Helping a young member of the clan to cross a river
Aidant une petite
fille du clan à traverser une rivière
Having breathed a narcotic powder to help them get in
touch with spirits, two shamans strive to pull malaria out of a small sick boy.
Malaria was introduced by illegal gold miners.
Ayant aspiré
une poudre narcotique afin de communiquer avec les esprits, deux chamanes s’efforcent
d’arracher la malaria du petit garçon. Des chercheurs d’or illégaux ont
introduit ce fléau.
Bruce Albert
in 1982
Bruce Albert
en 1982