Monday, August 20, 2012

Adventuring Among The Fierce And Unfriendly Danakil Nomads


Because the geological expedition I had to photograph was being delayed, I traveled to Tendaho, a dusty town at the southern end of the Danakil Depression in the Aussa Danakil sultanate. Here were the fiercest Danakil, and their scrutinizing eyes made me feel virtually naked. It was evident that I must have looked like some freakish blunder of nature.
     In those days a Danakil man wanting to marry still had to kill a man, emasculate him, and offer his trophy to the woman he wanted. It proved his virility, which in this infernal country was indispensable to the survival of a family.
      An Ethiopian official warned me not to leave the village without a letter from the sultan. Unfortunately he was absent. After searching for a possible interpreter, I had to settle on a 53-year-old Moslem named Mahmud, who spoke Danakil and Italian. He did not speak English, but understood some. I did not speak Italian, but understood some. Mahmud went to ask a balabat, or local chieftain, for his protection.
     The next morning there would be an important market in Aisayita, a small town 35 miles (56 kilometers) to the east, which would attract many Danakil. To get there on foot in time we left that very night. The balabat lent us two men to guide us and two two camels to carry our luggage and water.
     Towards 4:00 a.m., five armed Danakil warriors emerged from the darkness to have a close look at me. One of them tested my biceps, commented on the vigor of my handshake, deluged Mahmud with questions about me, the ferengi, or foreigner , and asked us for cigarettes (though a non-smoker, I always carried some). While those men nailed us there for a while, our two guides moved on ahead. Then, with that same man holding my hand, we walked together for a while, though too slowly to catch up with our guides.
     Not long after the five Danakil had finally drifted away, the dark nightmarish desert produced four new warriors--younger and evil-looking.  They too assailed Mahmud with questions as we kept walking. Over the next 15 minutes or so their voices behind me got louder and louder, with the word ferengi bouncing back and forth. And there was disturbing tussle.  Pretending to be unaware of what was happening in my back, I did not allow myself to look around as I kept walking. Doing so would have forced me to interfere, stopping the march, and putting us at even greater risk.
But at some point Mahmud could no long contain his tormentors.
     “Make trouble! Make trouble!” Mahmud cried, his voice shaking with rage and anguish. “I know, Mahmud” I replied. “But please let’s keep calm.” Still, I started wondering whether my manhood would end up hanging in a woman’s tent or from a horse’s bridle, as was the custom.
     When Mahmud was pushed against me, just as our two guides had finally become visible and Mahmud was crying for their help, I turned around to see that one of the men had unsheathed his large curved knife. Fortunately, our two guides, animated by a devilish fury, came rushing back, shouting what must have been insults and perhaps the name of the balabat, our Tendaho protector. Sheepishly, though chuckling to keep face, our tormentors walked away.      
     Mahmud’s face was ashen (I could not see my own), and for an hour or so I could not get anything out of him. Finally, he told me that the Danakil had grabbed our cigarettes and a box of biscuits he was carrying for breakfast. When a man asked him what I carried in my camera bag, Mahmud warned him that my people would seek revenge on him if they harmed me in any way. But he had found this amusing.  “This man carries no gun and has no armed escort,” he said. “He’s a nobody, and no one will come looking for him after we kill him—and you.” When he was going to pull my camera bag from my shoulder, Mahmud hit his hand with the stick that Ethiopians always carry around. At that, the man had pushed him and pulled his knife.
     At Aisayita, which was crowded with heavily armed Danakil men, I photographed many. Ignoring their suspicious eyes, and working quickly from one man to the next, I pretended it was the most normal thing in the world and got away with it. Later I would spend some time documenting the daily life of some Danakil encampments.
     When I returned to Makale once more, I found the geologists installed at the hotel. I thought I was safe now. But my recklessness would see to it that my adventures were only just beginning. I’ll tell you about them in other posts.

View photos below, following French translation.

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Comme l’expédition géologique que je devais photographier n’arrivait pas, je voyageai à Tendaho, un gros village poussiéreux au sud de la dépression Danakil dans le sultanat des Danakil Aussa. Beaucoup de ces Danakil pratiquaient encore la fâcheuse coutume qui exigeait de l’homme en quête d’épouse de tuer d’abord un autre homme, de l’émasculer et d’offrir à sa bien-aimée le trophée qui prouverait sa virilité, indispensable pour assurer la survie d’une famille dans ce pays infernal.
     A Tendaho les hommes Danakil, armés de vieux fusils et d’énormes couteaux courbes, m’entouraient de toutes parts. M’observant avec des yeux peu amicaux et hésitant à me céder le pas sur les allées de sable, ils me faisaient sentir  aussi nu qu’à la naissance. Il était évident que je devais être à leurs yeux une sérieuse anomalie de la nature—blond, yeux bleus, rouge de la brulure du soleil… (Un an plus tard, chez les Dayak de la jungle de Bornéo, mes yeux bleus me donneraient une certaine aura. Mais pas ici).    
     Un fonctionnaire éthiopien m’avertit que je mettrais ma vie en danger si j’abandonnais le village sans une lettre de recommendation du sultan. Mais le sultan était absent. Le fonctionnaire me présenta un Musulman de 53 ans qui parlait le Danakil et l’Italien. Il ne parlait pas l’Anglais, mais le comprenait un peu. Je parlais l’Anglais et comprenais un peu l’Italien. En fait d’interprète, je ne trouverais pas mieux à Tendaho et l’acceptai.
     Mahmud me conduisit chez un balabat, un chef local. Le balabat me déclara sous sa protection et me trouva deux hommes Danakil pour nous guider dans le désert et deux chameaux pour transporter nos bagages et notre eau.
     Nous partîmes à pied la nuit même--pour éviter la chaleur du jour, mais aussi pour arriver à Asayita, 56 kilomètres à l’est de Tendaho, le matin suivant. Un grand marché nous y attendait, visité par de nombreux Danakil.
     Vers quatre heures du matin, cinq guerriers Danakil émergèrent de la nuit. Commentant bruyamment notre rencontre, ils assommèrent Mahmud de questions à mon sujet et demandèrent des cigarettes (quoique non-fumeur j’en avais toujours avec moi). L’un des hommes tata mes biceps et se déclara satisfait de la vigueur de ma main, qu’il ne lâcha pas.  Finalement, nous ayant fait perdre beaucoup de temps sur place tandis que nos deux guides Danakil continuaient leur chemin, bien en avant dans la nuit opaque, nous reprîmes la marche tous ensemble, moi main dans la main du bonhomme, quoique trop  lentement pour rattraper nos guides
     Au bout de 20 minutes nos cinq Danakil nous quittèrent. Mais bientôt en apparurent quatre autres, plus jeunes et  l’air beaucoup plus sauvage et agressif. Il devint tout de suite évident que les choses n’iraient plus aussi facilement. Mais cette fois je ne m’arrêtai pas, ni ralentis la marche. Derrière moi les questions des Danakil, ou le mot  ferengi  (étranger) rebondissait constamment, sonnait avec une violence croissante. Je me rendais compte qu’on se bousculait dans mon dos, mais prétendais ne pas le savoir. J’espérais donner l’impression d’être trop important pour avoir á me préoccuper de ma sécurité. Mais espérant rejoindre nos guides, je m’efforçais d’allonger le pas sans y attirer l’attention. Avec eux nous serions quatre contre quatre, quoique non armés nous-mêmes. Par contre, m’arrêter de marcher pour me mêler à la dispute nous ferait perdre encore davantage de terrain sur nos guides. Finalement, Mahmud n’en put plus.
     « Make trouble ! Make trouble ! » cria-t-il dans son Anglais rudimentaire. « Je sais, » lui répondis-je sans me retourner ni ralentir le pas. « Mais garde le calme si tu peux.» Cependant je commençais à me demander si ma virilité terminerait bientôt accrochée dans la tente d’une femme ou à l’encolure d’un cheval, ou ces articles terminaient généralement.
     Quand un Danakil poussa Mahmud violemment contre moi, je n’eus  d’autre option que de me retourner. Un Danakil avait dégainé son énorme couteau, large comme ma main. Cette fois, d’une voix  angoissée, Mahmud appela nos guides. Heureusement, et quoiqu’invisibles dans l’obscurité, ils n’étaient plus loin. Abandonnant leurs chameaux ils vinrent á grands cris nous arracher des mains de ces sauvages. Ce qu’ils crièrent à nos tourmenteurs leur quitta immédiatement toute arrogance, et penauds ils retournèrent à la nuit.
     Le visage du pauvre Mahmud était de cendre (je ne pourrais dire de quelle couleur était le mien, moi qui n’avais pas vu le danger d’aussi près que lui). Durant une heure il ne put ouvrir la bouche. Finalement il parla.
     D’abord les Danakil avaient arraché de ses mains nos cigarettes et les biscuits que nous nous réservions pour la faim. Quand plus tard l’un d’eux allait s’emparer aussi de la sacoche photographique qui pendait de mon épaule Mahmud le frappa de son bâton, ce qui les mit tous en colère. Mahmud leur prédit des représailles féroces de la part de mes gens s’ils me faisaient du mal. Mais ses paroles les avaient amusés. « Un homme qui voyage sans escorte et sans armes ne peut être qu’un pauvre diable. » dirent-ils.  « Nous allons tuer cet homme, et toi avec lui, et personne ne se donnera la peine de vous chercher. »
     Je passai la journée suivante au marché à photographier les Danakil, tous fortement armés. Ignorant leurs regards méfiants, j’agis comme si c’était la chose la plus normale du monde, mais passant d’un homme a l’autre très rapidement. Plus tard je documenterais la vie quotidienne de quelques campements. De retour à Makale, je trouvai les géologues installés à l’hôtel. 
     Je croyais mes aventures terminées, mais j’étais bien trop insouciant m’en livrer si tôt. En fait elles n’avaient que commence Je les  raconterai prochainement.











Friday, August 17, 2012

Ethiopia's Hellhole of Creation: the Danakil Depression


Before beginning this next salt post, I feel I should tell you more about the Danakil Depression, an extraordinary corner of the earth. I told you it was the world’s hottest region, and you would be in your right to doubt it.  After all, the arctic-white salt lake and salt igloos I showed you do not do much to convey a sense of heat. However, except for the salt lake and for a relatively small area around it that is vibrant with colors, the Danakil Depression is coal black—as far as you can see, even from the air. Still, it’s hauntingly beautiful.

Knowing how much I enjoyed traveling to the world’s wild places, National Geographic’s editors had asked me to go to the Danakil Depression to cover a French-Italian geological expedition that would study the continental drift—how Africa and Arabia were slipping apart, giving birth to a new ocean. I was happy to learn that one of the two leaders would be Haroun Tazieff. While still only dreaming of a life of adventures, years before, I had read several books of his on his explorations of volcanoes.

I was to meet the geologists in Makalé, in Ethiopia’s Tigré highlands. But they had not arrived. Their vehicles and heavy equipment were blocked in the Suez Canal by the Six-Day War, a pre-emptive war by Israel against Syria, Jordan, and Egypt, which Israel suspected were preparing to attack it. Rather than to wait at the hotel, an ancient castle managed by an Indian lady, I embarked on the salt caravan. It was a good way, too, to have a first look at that Danakil Depression, which I was impatient to experience.

When, on my return, I still found no geologists, I decided to go photograph the Danakil nomads. Not the tame Danakil salt miners, but the fierce warriors farther south. I had read dreadful things about them and was uneasy about the idea. But I was also mightily intrigued and had to satisfy my curiosity. I would act prudently.

I did not know, nor even imagined, that during the four months I would spend in the Danakil Depression I would face death more times than I would the rest of my adventurous life. However, that’s a story for another post.
                            
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Avant de continuer avec mes histoires de sel, il me semble important de terminer d’abord  avec la dépression Danakil, un coin du monde assez extraordinaire. J’ai écrit que c’était la région la plus chaude du monde et vous seriez en droit d’en douter. Après tout, la blancheur arctique du lac de sel et de ses igloos ne tendent pas á donner une impression de chaleur. Mais à part cette blancheur et les couleurs violentes du paysage aux alentours du lac, la dépression est noire comme du charbon aussi loin que porte la vue, même du ciel. Et pourtant elle est d’une étrange beauté.  

Connaissant mon gout des régions sauvages du monde, les éditeurs de
National Geographic m’envoyèrent a la dépression Danakil pour photographier une expédition géologique franco-italienne qui allait commencer l’étude d’une dérive de continents—l’ampliation de l’écart entre l’Afrique et l’Arabie, qui donnerait ainsi  naissance à un nouvel océan. L’un des deux chefs de l’expédition serait Haroun Tazieff. Près de vingt ans plus tôt,  alors que je ne pouvais encore que rêver des aventures que je vivrais plus tard, j’avais lu ses livres sur ses explorations de volcans.

Je devais rencontrer les géologues à Makalé, sur les hautes terres du Tigré, mais ils n’étaient pas arrivés. Leurs véhicules et équipement lourd étaient bloqués dans le Canal de Suez par la Guerre des Six jours. Suspectant la Syrie, la Jordanie et l’Egypte de se préparer à l’attaquer, Israël initia les hostilités par surprise et gagna rapidement la guerre. Plutôt que d’attendre les géologues a l’hôtel, un ancien château, je m’embarquai dans la caravane de sel, laquelle partait de Makalé même. C’était á la fois une belle occasion de jeter un premier coup d’œil à la dépression, que j’étais impatient de connaitre.

Quant à mon retour les géologues n’étaient pas encore arrivés, je décidai d’aller photographier les nomades Danakil. Non les gentils mineurs de sel Danakil sinon les féroces guerriers Danakil plus au sud dans le désert. J’avais lu des choses préoccupantes à leur sujet, mais ils m’intriguaient très fort et ma curiosité l’exigeait. J’agirais prudemment.

J’ignorais encore à ce point, et n’imaginais même pas, que durant les quatre mois que je passerais dans la dépression je ferais face á la mort plus de fois que je ne le ferais durant tant d’années d’aventures qui suivraient. Mais ça, ce sera pour un prochain article.



Sedimentary mountains covered with gypsum overlooking salt Lake Karum behind. They have been called the "Gates of Hell." 

Montagnes sédimentaires couvertes de gypse. Elles laissent entrevoir le lac Karum derrière. On les connait comme les « Portes de l’Enfer. »


Lake Karum

Lac Karum


Lava field dotted by sand holes

Champ de lave piqué de trous de sable




Volcanoes and salt Lake Juliet

Volcans et Lac Juliet—salé aussi 




Smoking Erta Ale volcano

Volcan Erta Ale






Sulfurous source. Oxidation turns yellows and pale greens to rust.

Source sulfureuse. L’oxidation fait rouiller les couleurs.









Geologists pulling sample of boiling water from  small crater

Géologues retirant un échantillon d’eau bouillante d’un petit cratère



Geologists, Haroun Tazieff leading

Géologues, Haroun Tazieff en tête.








Wednesday, August 15, 2012

Ethiopian Salt Caravan Down to the World's Hottest Region



Ethiopia. Great Rift Valley. Tigrinya caravan walking down the escarpment from Makale, in the Tigré Mountains, to get salt from dry Lake Karum in the Danakil Depression. People in Ethiopia and Kenya do not ride their camels.

Ethiopie. Grande faille d’Afrique. Une caravane Tigrinya descendant de Makalé, dans les montagnes du Tigré, vers le lac Karum, un lac de sel sec au fond de la dépression dankalie, la région la plus chaude du monde.


The caravan at nightfall

La caravane à la tombée de la nuit



The caravan camping. Another caravan is arriving behind.

La caravane se prépare pour la nuit. Une autre caravane arrive derrière. 



One morning, baking bread in hot ashes and brewing coffee, which originated in Ethiopia, before continuing down the mountains.

Un matin, cuisant du pain dans les cendres chaudes et préparant le café, originalement de l’Ethiopie, avant de continuer la descente de la montagne.


Wrapping dough around hot round stones pulled from hot ashes and putting them back there for baking. The man seated behind is kneading more dough.

Enveloppant des pierres rondes retirées de cendres brulantes avec de la pâte à pain et les y remettant pour la cuisson. L’homme assis derrière pétrit la pâte. 



On the journey’s last day the Tigrinya men left long before daybreak to arrive to the salt lake at dawn and be out of its hellish heat again by late afternoon. Breakfast would be prepared at the lake while the Danakil miners worked on the salt orders.

Le dernier jour de marche les caravaniers se sont mis en route longtemps avant la fin de la nuit afin d’arriver au lac de sel à l’aube et d’échapper à sa chaleur inhumaine avant la fin du jour. Ils prépareraient le déjeuner au lac pendant que les mineurs Danakil travailleraient à leurs commandes.


A Triginya (foreground) and two Danakil men shaping salt blocks for the caravan. Though considerably less accustomed to the heat than the Danakil, a few Tigrinya men who own no camels resign themselves to the fate of salt miners.

Un Tigrinya (premier plan) et deux Danakil donnent formes à des blocs de sel pour la caravane. Quoique considérablement moins accoutumés à la chaleur que les Danakil, quelques Tigrinya sans chameaux se résignent au dur travail des mineurs.


Danakil miner

Mineur Danakil


Tigrinya miners lifting a salt slab


Mineurs Tigrinya arrachant au lac une dalle de sel.


            His face spattered by salt crystals, a Tigrinya miner rests on his sticks for a moment.

Son visage marqué de cristaux de sel, un mineur Tigrinya se repose un moment sur ses bâtons



Desert fatality

Fatalité du désert


Miners’ salt igloos

Igloos de sel des mineurs




Tigrinya caravaneers preparing coffee while the miners are working on their orders. The man at left roasts the beans while the man at right grinds them with a stick.

Caravaniers Tigrinya préparant du café pendant que les mineurs travaillent à leurs commandes. L’homme de gaucho rôtit les grains. L’homme de droite les broie ensuite avec un bâton.


Camel nibbling at the salt block on its back.


Chameau grignotant le bloc de sel sur son dos.




A mirage appears behind a caravan leaving the Danakil Depression at  end of day. The caravan will camp at cooler heights.

Un mirage souligne une caravane abandonnant la dépression dankalie en fin de jour. La caravane campera dans la montagne à une température plus supportable.







Monday, August 13, 2012

Sahara Salt Caravan



 Niger. Sahara.  Near Bilma. Tuareg nomad wraps salt cones inside straw mats. He got the salt from a Kanuri miner in exchange for articles of trade.  The salt is obtained by kneading salted clay into water, which is then submitted to evaporation and shaped in molds.

Niger. Sahara. Près de Bilma. Un Touareg enveloppe des cônes de sel dans des nattes de paille. Il les a obtenus d’un mineur kanouri en échange d’articles de traite. Le sel s’obtient ici en pétrissant de l’argile salée dans de l’eau qui est ensuite soumise à évaporation.  


To avoid tiring excessively the heavily loaded camels, the Tuareg  skimped on the water we needed between wells. Thus we always reached water in a state of great thirst and dehydration, once close to tragedy. For the same reason we walked as long as we could in the loose sand before mounting. Once, however, after being way too long without drinking, we had to ride the camels for 16 hours, nearly unable to speak, causing the poor animals to constantly drop to their knees.

Afin de pouvoir charger les chameaux avec plus de sel, les Touareg compensaient en les chargeant de moins d’eau. Nous arrivions à chaque puits morts de soif et débilités par la déshydratation. Le fait que les Touareg devaient parfois passer une journée à trouver des chameaux égarés la nuit ou qu’une tempête de sable nous clouait sur place deux jours de suite, ne faisait qu’augmenter le danger que nous courions.

     Une combinaison de ces retards nous amena une fois à passer six jours entre deux puits au lieu de trois. Il fut nécessaire de  voyager 32 heures sans boire, 16 heures de celles-là sans descendre de chameau pour mieux résister la soif. Sauf quand les chameaux épuises tombaient constamment sur les genoux  et qu’il fallait se  précipiter à terre pour empêcher les charges de sel de tomber et de se casser, ce qui les priverait de beaucoup de valeur. Nos gorges sèches ne nous permettaient pas e parler. Nous avancions comme une caravane fantôme.







The caravan at sunrise.  As usual, the men spent hours last night pounding the millet and cooking it over so little wood that they had to keep blowing on it all the time to keep it going. They ended up eating well past midnight. Having slept only three or four hours, they got up before sunrise to say the first prayer.
     Now, if camels can live for three weeks without drinking, they must eat a lot each day to be able to carry their heavy loads. That takes a couple of hours. We always spent another two hours or more loading the camels. So we rarely started moving before eleven, when the sun was already shining fiercely.

La caravane à l’aube. Comme d’habitude, la nuit passée les Touareg passèrent des heures a piler le mil et a le cuire sur tellement peu de bois qu’ils durent souffler constamment sur le feu pour l’empêcher de s’éteindre. Ils ont mangé bien après minuit.  Apres avoir dormi seulement trois ou quatre heures ils se sont levés à l’aube pour dire leur première prière.
     Si les chameaux peuvent vivre trois semaines sans boire, ils doivent manger beaucoup tous les jours pour trouver la force de transporter leurs lourdes charges. Cela prenait deux heures chaque matin. Les charger prenait au moins aussi longtemps.  De sorte que nous nous mettions en marche rarement avant 11 heures et parfois plus tard, quand le soleil brillait déjà de tout son éclat.







As a sandstorm approaches among scattered salt packs, the Tuareg seek shelter under blankets behind a makeshift wall.

A l’approche d’une tempête de sable les Touareg cherchent refuge sous leurs couvertures derrière un mur de nattes.




Niger. Sahara Desert. Tree of the Ténéré, an acacia, the only tree for 400 kilometers around.  It used to be such an important landmark that it was marked on maps. The French Foreign Legion figured, back in 1938, that there should be water underneath. They dug a well and did find water—40 meters below ground. The tree’s roots reached nearly that low. The image shows the Tuareg pulling water from it at sunrise. It smelled like rotten eggs and gave us all nearly instant diarrhea. Our robes protected our privacy. A drunk Lybian truck driver knocked the tree down in 1973.

Niger. Sahara. Arbre du Ténéré, un acacia, le seul arbre sur un rayon de 400 kilomètres. C’était á l’époque un point de repère tellement important où il n’y en avait aucun autre, qu’il figurait sur les cartes du Sahara. En 1938 la Légion étrangère supposa qu’il devait y avoir de l’eau sous l’arbre et fit creuser un puits. Ses hommes trouvèrent de l’eau,  mais 40 mètres sous terre, un rien plus bas que les racines de l’arbre. L’eau avait l’odeur d’œufs pourris et nous donna à tous la diarrhée. Nos amples robes sahariennes protégèrent notre intimité. En 1973 un chauffeur de camion libyen saoul renversa l’arbre.


Sunday, August 12, 2012

Le sel revisité


Le sel revisité

C’est quoi le sel? Pour la plupart des gens c’est un article d’épicerie jeté dans un shopping cart sans une seule pensée. Ce ne fut pas toujours ainsi. Et dans certaines parties du monde ce ne l’est pas encore.
     Autrefois les hommes se firent la guerre pour le sel.  Le  salarium (salaire-- de sal, ou sel) des soldats romains était pour acheter du sel. Et si nous devons croire les historiens, le sel que dans le passé les caravanes arabes marocaines transportaient à Tombouctou et autres villes du Sahel s’échangeait contre leur poids en or—un kilo d’or pour chaque kilo de sel. Ce sel achetait aussi des esclaves. Mais le risque de ne pas retourner au Maroc à jouir d’une fortune était grand. Les pillards Touaregs ne manquaient jamais de les attaquer. Et les puits étaient affreusement éloignés les uns des autres.
       Dans certaines parties du monde, miner et transporter le sel cause encore beaucoup de tourment. En 1965, au Sahara,  j’ai voyagé près d’un mois avec une caravane de sel touarègue, partageant sa soif, sa faim, son épuisement et sa préoccupation de rater un puits et de continuer dans les dunes jusqu’á y laisser nos os.
     Avant leur traversée, mes compagnons touareg avaient passé de nombreux mois á couper, dans leurs montagnes de l’A ïr, l’énorme quantité d’herbe qui nourrirait 102 chameaux durant les deux mois d’aller et retour à travers les dunes vierges du Ténéré, une des régions les plus hostiles du Sahara. De nombreux mois aussi à tresser des centaines de mètres de cordes et á tisser des centaines de nattes qu’ils utiliseraient pour envelopper les précieux blocs de sel.
     De retour de leur épique expédition, ils auraient à en préparer une de plus, cette fois vers les marchés du Sahel, où ils troqueraient leur sel contre du mil, des vêtements, du sucre, du thé vert, et autre nécessités familiales. Tant de travail et de souffrances, j’ai calculé à l’époque, pour gagner seulement l’équivalent de $75 par homme.
     En 1967, chassant le sel de nouveau, je me suis embarqué à Makalé, sur les hautes terres d’Ethiopie, dans une caravane tigrinya de chameaux et mules. Apres la longue descente de l’escarpement, nous avons atteint l’enfer--la dépression dankalie, 100 mètres sous le niveau de la Mer Rouge qui la longe.    L’explorateur L.M. Nesbitt écrivit fameusement que ce pays fantastique de volcans actifs, de champs de lave interminables, de sources sulfureuses bouillonnantes, de rochers, de désert sans merci et de lacs de sel secs était le trou infernal de la création. Sauf ou le sel éblouit et le sable émerge timidement, ce pays est noir comme du charbon  et plus chaud qu’aucun autre point du globe. Un océan est en train d’y naitre (j’y passerais plusieurs mois, quoique dédié à d’autres projets).
    Pour une journée de travail de forçat un mineur Danakil recevait des caravaniers tigrinya, eux-mêmes extrêmement pauvres,  l’équivalent de $0.60, un grand pain et une outre d’eau.
    En 1992, à Djibouti, je vis des caravaniers Danakil miner le sel du lac Asal usant seulement de pierres aigues ramassées sur place.
    En 2000, à 4,000métres dans le sud de l’Altiplano bolivien, j’ai voyagé avec une caravane de sel différente. Menée par un indien Quechua de 69 ans et son neveu, elle était composée de 28 lamas. Je suivis le vieil homme de sa maison de terre jusqu’au Salar de Uyuni, le lac de sel le plus vaste et le plus élevé du monde. Là il acheta le sel que ses lamas transporteraient à un village beaucoup moins froid en échange de produits agricoles qui ne poussaient pas à l’altitude glacée où il vivait
     Ignorant les chemins qui grimpaient vers des mines, nous avons marché tout droit pendant huit jours. Chaque jour, après six heures de marche, nous atteignions un enclos de pierres ou nous enfermions les lamas jusqu’à l’aube, quand nous repartions. Apres une rapide cuisine nous dormions sur la terre gelée sous la brutale froidure des étoiles.
     Nous sommes finalement descendus dans une vallée édénique, une Shangri-la qui aurait pu être népalaise, dont les terrasses agricoles  épousaient les contours de la vallée au fond de laquelle coulait un joli ruisseau. Les habitants se montrèrent aussitôt et le troc commença sans attendre. C’était un plaisir de voir les deux parties aussi satisfaites de leurs échanges.
     Durant les années 80 la Colombie m’offrit une autre expérience du sel. Là, sur la côte ouest de la péninsule de la Guajira, un doigt de terre s’enfonçant dans la mer des Caraïbes à la pointe septentrionale de l’Amérique du Sud, j’ai photographié les indiens Waiuu récoltant du sel de salines. Pieds nus dans la saumure ils remplissaient à la pelle des sacs et des brouettes. Comme toujours entre les indiens, les femmes et les filles travaillaient le plus dur, transportant sur leurs dos des sacs de 60 kilos. Deux hommes étaient nécessaires pour arracher ces sacs au sol.

J’illustrerai ce texte de photos durant les prochains jours.

A Second Look at Salt


A Second Look at Salt (illustrations will come later)

What is salt? For most people it’s a grocery product they throw into their shopping cart without a single thought. It was not always like this. And in some parts of the world It still is not.
     Men once went to war over salt. Roman soldiers’ salariums (salary--from sal, or salt) was to buy salt. And if we are to believe historians, Moroccan caravaneers once got the people of Timbuktu and other Sahel towns to pay their salt with an equal weight of gold.
Salt also bought slaves. The hard part, with wells impossibly far apart in those days and Tuareg attacks inevitable, was for the caravaneers to return home alive to enjoy their new fortune.
     In some parts of the world people still suffer much hardship mining salt or bringing it to market. In 1965 I traveled for a month with a Tuareg salt caravan in the Sahara, sharing its thirst, hunger, exhaustion, and worry that we might miss a well and go on into the sands to die. Before the journey, my nine Tuareg friends had spent many months cutting enough grass to feed our 102 camels during their two-month pasture-less return journey through the Ténéré’s sand dunes, one of the Sahara’s most hostile  areas. Many months, too, using grass to braid hundreds of meters of ropes and weave several hundred straw mats to wrap the salt in.
      Back home, after their epic expedition, they would have to prepare for a second long journey, this time to go barter the salt on the Sahel’s markets for millet, clothes, sugar, green tea, and other necessities. All that work and ordeal, I calculated at the time, for the equivalent of $75 per person.
     In 1967, in another salt adventure, I followed a Tigrinya caravan from Makale, in the Ethiopian highlands. Traveling down the escarpment we descended literally into hell-- the Danakil Depression. The explorer L.M. Nesbitt once famously called that fantastic land of active volcanoes, boundless lava fields, boiling sulfurous sources, merciless desert, rock, and dried salt lakes the Hellhole of Creation.  An ocean is being born there and at more than 200 feet below the Red Sea’s level it is the world’s hottest region. For a hard day’s work each salt miner received the equivalent of $0.60, a large bread and a goatskin of water.
     In 1992, in Djibouti, I watched how Danakil caravaneers set out mining the salt of dry Lake Asal using only sharp stones found on the spot.
     In 2000, high in the southern Bolivian Altiplano, I traveled with a different salt caravan—a 69-year old Quechua Indian, his nephew, and the old man’s 28 male llamas. I followed the old man from his mud house to the Salar de Uyuni, the world’s highest and largest salt lake where a miner’s wife sold him the blocks of salt he would go barter in a distant village for the crops he could not grow at the frozen heights where he lived.
     And I traveled with the two men, walking six hours a day, the distance that separated stone corrals where we parked the llamas at night. We slept under brutally cold stars. At the end of eight days we descended into a Shangri-La valley that could have been in Nepal, with terraced fields espousing its contours all around.  There the barter took place. And I never saw people take leave from each others more satisfied.
     Colombia offers a different salt story. There, in the eighties, on the western coast of the Guajiara Peninsula, a finger of land jutting into the Caribbean Sea at the northernmost part of South America, I photographed Waiuu Indians shoveling sea salt. Feet naked in the brine, women and girls worked hardest, lending their strong backs to carry the 60-kilo salt bags that needed two men to lift on them.

In the next few days I will be posting photographs of all those experiences.  

Friday, August 10, 2012

Bolivia. Salar de Uyuni. Salt Miners.



Bolivia. Altiplano. Salar de Uyuni, the world’s highest and largest salt lake. Quechua salt miners cover their faces against the blinding reflection of the salt with ski masks and dark glasses. The salt transportation here is done by llamas.
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Bolivie. Altiplano. Salar de Uyuni, le lac de sel le plus vaste et le plus élevé du monde. Les mineurs quechuas se protègent le visage de la réflexion du sel usant de masques et de lunettes solaires. Le transport du sel ici est fait par des lamas.

Thursday, August 9, 2012

Danakil Salt miners in Ethiopia's Dry Lake Karum



Ethiopia. Great Rift Valley. Danakil Depression (Afar Triangle). Karum salt lake. Tigrinya and Danakil men cutting salt blocks. Tigrinya men loading the blocks on camels and donkeys in the background will transport them to Makalle in the highlands.
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Ethiopie. Grande Faille d’Afrique. Dépression dankalie (Triangle Afar). Lac de sel Karum. Hommes danakils taillant des blocs de sel. Des caravanes tigrinyas de chameaux et d’ânes, visibles au fond, les transporteront à Makalle, dans leur montagne.

Wednesday, August 8, 2012

Yanomami Hunting Party



Brazil. Amazon rain forest. Yanomami Indian hunting party.
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Brézil. Amazonie. Chasseurs yanomamis.

Kenya: Samburu Morans Preparing for a Dance



Kenya. Mathews Range. Preparing for a dance, a Samburu moran is cutting a strip of fabric to add to those already adorning his wraparound.
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Kenya. Matthews Range. En prévision d’une danse qu’il joindra plus tard, un jeune guerrier samburu découpe une bande de tissu qu’il ajoutera à celles déjà décorant sa tunique blanche.